La rune Hagalaz ᚺ

Étymologie :
- hagalaz (germanique commun) : grêle
- hagel (allemand) : grêle
-hagall (norrois)

Poème runique vieil-anglais :

"La grêle est le plus blanc des grains ;
elle est le produit du souffle des cieux,
lancée par les vents de la tempête
puis se change en eau."

Si la rune ᚺ a été utilisée en magie pour son pouvoir destructeur, comme l'attestent les inscriptions runiques découvertes sur des armes, ce poème renvoie à l'aspect positif de la rune. Elle est décrite comme "le plus blanc des grains". Le blanc, couleur du dieu Heimdall est associé à la pureté. Et le grain renvoie au principe de fécondité. La fin insiste sur le fait que cette grêle destructrice se transforme en eau et nourrit la terre qui sera féconde.

Poème runique islandais :

"La grêle est un grain froid
et une douche de neige fondue
et la maladie des serpents."

Ce poème évoque le pouvoir destructeur de la rune. Elle peut être utilisée pour vaincre le mal, représenté ici par les serpents. Dans l'Edda, le serpent ou le dragon, comme Jormungand ou Fafnir, est une créature négative et destructrice. Par exemple, la lance de Kragehul porte l'inscription magique suivante : "La grêle aveuglante, je consacre à cette lance." En anglais moderne, l'expression "a hail of bullets" (une grêle de balles) renvoie au pouvoir destructeur de la rune.

Poème norvégien :

"La grêle est le plus froid des grains ;
Christ recréa l’ancien monde."

Le poème norvégien montre le côté ambivalent de la grêle : destructrice par son côté froid et créatrice. Le froid nous fait penser au "fimbulvetr" (le long hiver très froid qui débute le Ragnarok). La référence au rabbin Jésus-Christ était une manière de contourner la censure judéo-chrétienne. "Christ" est un nom de code pour désigner le dieu Balder, qui ressuscite après le Ragnarok pour gouverner sur le monde nouveau, comme le narre la Voluspa (strophe 62) : "Balder mun koma" (Balder reviendra.). Ce poème nous montre que la rune Hagalaz est la rune du Ragnarok, débuté par un froid intense et qui débouche sur un ordre nouveau. L'ordre de la rune dans le Futhark n'est pas dû au hasard. Elle est la 9ème rune et la 1ère du 2ème aett. Cela signifie qu'elle marque un nouveau cycle après une destruction.

Conclusion:

Hagalaz est la rune de la "destruction créatrice" et donc du Ragnarok. Tout meurt, rien n'est éternel, mais toute chose contient les germes d'un renouveau. Elle est importante, car elle se trouve en 9ème position, chiffre sacré dans le wotanisme.

La rune Wunjo ᚹ

Étymologie :
- wonder (anglais) : merveille
- wonne (allemand) : joie

Poème runique vieil-anglais :

"Il apprécie la joie, celui qui ne connaît pas la misère,
la peine et le chagrin, et qui lui-même possède
une vie heureuse et une forteresse."

Là encore, seul le poème runique en vieil-anglais explique le sens de cette rune.

Wunjo est la rune de la joie et du bien-être. Elle exprime l'accomplissement de celui qui s'est affranchi des contingences matérielles pour avoir une vie apaisée et heureuse. La notion de "forteresse" est à prendre au sens figuré : protection contre les coups du sort.

Cette rune clôt le premier "aett" (série) du "futhark" (alphabet runique germanique antique). Elle est liée à la première rune, Fehu, qui exprime le bonheur matériel de poséder des biens, du bétail et des richesses. Avec Wunjo, on s'élève vers le bonheur mental. On part de Noatun, le domaine maritime du dieu vane Njord, dieu de la richesse matérielle et lié à Fehu, et on s'élève vers Asgard, chez Nanna, la déesse ase de la joie liée à Wunjo, qui vit à Breidabblik, la demeure lumineuse de son époux Balder.

Nous voyons ici ce cheminement classique dans les textes de l'Edda, comme le Havamal ou la Rigsthula, qui part du matériel pour aller vers le mental et le spirituel. On gravit l'arbre Yggdrasil.

Conclusion:

Wunjo est la rune de la joie et du bonheur mental. Elle est liée à Fehu, rune du bonheur matériel. Ainsi, à la différence du judéo-christianisme, qui oppose le monde matériel pour mieux le condamner à un arrière-monde spirituel (argument marketing efficace qui avait permis de rallier la lie et les hors-caste de l'Empire romain au christianisme), le wotanisme n'oppose pas les deux. Il faut d'abord être épanouis au niveau matériel pour atteindre le bien-être spirituel.

La rune Gebo X

Étymologie :
- give (anglais) : donner
- gabe (allemand) : don

Poème runique vieil-anglais :
"X La générosité apporte gloire et éloges aux héros,
faveur à l’homme brisé par les tourments,
et subsistance au solitaire."

Seul le poème runique anglo-saxon décrit cette rune germanique. La première partie de cette strophe nous explique que le don conforte la place de dominant de celui qui le fait, comme le disait Napoléon avec la formule "la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit". Le roi ou le jarl (le seigneur, dans les sociétés nordiques) se devaient d'être généreux pour conforter leurs places de dominants. Ce n'est pas la générosité culpabilisatrice du judéo-christianisme ou du marxisme, où le maître est vu comme un méchant, qui doit donner pour faire pénitence. Cette vision a été reprise par la république française, dans laquelle la réussite doit être punie par des impôts très élevés. Dans une société wotaniste, la générosité est une vertu, qui valide une place prééminente.

La deuxième partie du poème montre que cette générosité est un filet de sécurité pour les plus démunis, car comme le dit Wotan dans la strophe 78 du Havamal, personne n'est à l'abri d'un mauvais coup du destin :
"Je vis chez les fils de Fitjung des réserves bien approvisionnées
A présent, ils portent le bâton du mendiant ;                 
Ainsi en va-t-il de la fortune, comme du clin d'œil ;
C'est la plus volage des amies."

Conclusion :

La rune Gebo est une rune de l'équilibre social : le don confirme la situation de dominant de celui qui le fait, mais apporte du réconfort à celui qui en bénéficie et qui a moins été avantagé par les Nornes.

A partir de ce 20 décembre, commence le cycle des 12 nuits de Yule pour les wotanistes et païens nordicistes. C'est l'occasion de souhaiter à tous les abonnés du canal de bonnes célébrations de Yule.

Je vous mets à disposition un excellent guide pour célébrer chacune des 12 nuits jusqu'au 31 décembre. Vous y trouverez des prières à nos dieux et déesses, des blots, des réflexions sur nos valeurs prenant appui sur la lecture d'une dizaine de strophes du Havamal par jour.

La rune Kaunaz ᚲ

Étymologie :
- Kaun (vieux-norrois) : furoncle
-Kien (allemand) / kenn (anglo-saxon) : torche

Poème runique islandais :
"ᚲ Furoncle fatal aux enfants
et endroit douloureux
et demeure des putréfactions."

Ici, le poème met en avant l'aspect négatif de la rune. Kaunaz est la rune de l'énergie et de la création. Mal maîtrisée, elle surgit comme un furoncle et menace la santé de l'enfant qui est né récemment.

Poème runique norvégien :
" ᚲ L’ulcère est fatal aux enfants ;
la mort fait pâlir le cadavre."

Ce poème véhicule la même idée que le précédent, mais insiste aussi sur l'idée que la chair, après avoir été vigoureuse décline et pourrit à la mort.

Poème runique vieil-anglais :
"ᚲ La torche est, pour chaque vivant, connue pour sa flamme
pâle et brillante ; le plus souvent elle brûle
là où les princes demeurent."

Le poème anglo-saxon évoque plutôt l'aspect positif de la rune. Bien maîtrisée, l'énergie créatrice est semblable à la lumière de la torche. Kaunaz symbolise aussi la vitalité et le feu intérieur.

Conclusion :

Kaunaz représente le point d'équilibre entre la vie et la mort, puisqu'elle peut tourner aussi bien en putréfaction qu'en feu intérieur. Elle met en garde sur le fait que la vitalité peut contenir les germes d'une mort rapide. Elle est à l'image du champignon qui croit subitement pour pourrir aussi rapidement. On peut voir l'énergie de Kaunaz à l'oeuvre dans un corps humain ou le corps social où les forces vitales luttent contre celles de dissolution et de décadence.