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Don Fabrizio Corbera, prince de Salina, incarné par Burt Lancaster dans Le guépard de Luchino Visconti, 1963.
« La pluie était venue, la pluie était repartie ; et le soleil était remonté sur son trône comme un roi absolu qui, éloigné durant une semaine par les barricades de ses sujets, revient régner courroucé mais réfréné par des chartes constitutionnelles. La chaleur redonnait des forces sans brûler, la lumière était autoritaire mais laissait survivre les couleurs, et de la terre la menthe et le trèfle repoussaient prudemment, sur les visages des espoirs méfiants.
Don Fabrizio en compagnie de Teresina et d'Arguto, les chiens, et de don Ciccio Tumeo, son suivant, passait de longues heures à la chasse, de l'aube à l'après-midi. La peine était hors de proportion avec les résultats, parce que même pour les meilleures tireurs il est difficile d'atteindre une cible qui n'est presque jamais là, et c'était déjà beaucoup si le Prince en rentrant pouvait faire porter à la cuisine deux perdrix, de même que don Ciccio s'estimait heureux s'il pouvait le soir jeter sur la table un lapin sauvage, qui d'ailleurs était ipso facto promu au grade de lièvre, comme on fait chez nous.
Une abondance de butin eût été d'autre part pour le Prince une satisfaction secondaire ; le plaisir des jours de chasse, subdivisé en plusieurs menus épisodes, résidait ailleurs. Cela commençait par le rasage dans la chambre encore sombre, à la lumière d'une bougie qui rendait ses gestes emphatiques sur le plafond aux architectures peintes ; il s'aiguisait au moment de traverser les salons endormis, et d'éviter à la lumière vacillante les tables avec les cartes à jouer en désordre au milieu des jetons et des verres vides avant d'apercevoir parmi elles le valet d'épée qui lui adressait un salut viril. Venait ensuite la traversée du jardin immobile sous la lumière grise dans laquelle les oiseaux les plus matinaux lissaient leurs plumes pour en chasser la rosée ; le comble était enfin de se glisser par la petite porte envahie de lierre ; de fuir, en somme. Une fois sur la route, toute innocente encore aux premières lueurs, il retrouvait don Ciccio souriant sous sa moustache jaunie alors qu'il pestait affectueusement contre les chiens ; dans l'attente, leurs muscles frémissaient sous le velours du poil. Vénus brillait, chair de grain de raisin sans peau, transparente et humide, et on croyait déjà entendre le grondement du char solaire qui remontait la pente sous l'horizon ; on rencontrait bientôt les premiers troupeaux qui avançaient, engourdis, comme les flots des marées, guidés à coups de pierre par des bergers chaussés de peaux ; leurs laines devenaient soyeuses et rosissaient sous les premiers rayons ; il fallait ensuite trancher des litiges obscurs de préséance entre chiens de troupeaux et braques susceptibles, et après cet intermède assourdissant on tournait pour monter une pente et on se trouvait dans le silence immémorial de la Sicile pastorale. On était aussitôt loin de tout, dans l'espace et encore plus dans le temps. Donnafugata avec son palais et ses nouveaux riches était à deux milles à peine mais elle semblait ternie dans le souvenir comme ces paysages que l'on entrevoit parfois au débouché lointain d'un tunnel ferroviaire ; ses peines et son luxe paraissaient encore plus insignifiants que s'ils avaient appartenu au passé, car, en comparaison de l'immutabilité de ces contrées reculées, ils semblaient faire partir du futur, provenir non de la pierre et de la chair mais du tissu d'un avenir rêvé, être extraits d'une Utopie imaginée par un Platon rustique et qui, en raison du moindre accident, aurait pu se manifester sous des formes tout à fait différentes et même ne pas exister ; dépourvus ainsi du peu de charge énergétique que chaque chose passée continue à posséder, ils ne pouvaient plus causer de soucis. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard, 1958.
Traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro.
« Aux hommes de la fin de XIXe siècle, la décadence romaine apparaissait sous l'aspect de patriciens couronnés de roses s'appuyant du coude sur des coussins ou des belles filles, ou encore, comme les a rêvés Verlaine, composant des acostiches indolents en regardant passer les barbares blancs. Nous sommes mieux renseignés sur la manière dont une civilisation finit par finir. Ce n'est pas par des abus, des vices ou des crimes qui sont de tous les temps, et rien ne prouve que la cruauté d'Aurélien ait été pire que celle d'Octave, ou que la vénalité dans la Rome de Didus Julianus ait été plus grande que dans celle de Sylla. Les maux dont on meurt sont plus spécifiques, plus complexes, plus lents, parfois plus difficiles à découvrir ou à définir. Mais nous avons appris à reconnaître ce gigantisme qui n'est que la contrefaçon malsaine d'une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l'existence de richesse qu'on n'a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d'en haut, cette atmosphère d'inertie et de panique, d'autoritarisme et d'anarchie, ces réaffirmations pompeuses d'un grand passé au milieu de l'actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. Le lecteur moderne est chez lui dans l'Histoire auguste. »
Marguerite Yourcenar, à Mount Desert Island, 1958.
« Comme toutes ces applications sont immédiatement relatives aux intérêts sociaux, ou à l’analyse des opérations de l’esprit humain, et que, dans ce dernier cas, elles n’ont encore pour objet que l’homme perfectionné par la société, j’ai cru que le nom de mathématique sociale était celui qui convenait le mieux à cette science. Je préfère le mot mathématique, quoiqu’actuellement hors d’usage au singulier, à ceux d’arithmétique, de géométrie, d’analyse, parce que ceux-ci indiquent une partie des mathématiques, ou une des méthodes qu’elles emploient, et qu’il s’agit ici de l’application de l’algèbre, ou de la géométrie, comme de celle de l’arithmétique ; qu’il s’agit d’applications dans lesquelles toutes les méthodes peuvent être employées. D’ailleurs la dernière expression est équivoque, puisque le mot analyse signifie tantôt l’algèbre, tantôt la méthode analytique, et nous serons même obligés d’employer quelquefois ce même mot dans le sens qu’on lui donne dans d’autres sciences. Je préfère le mot sociale à ceux de morale ou politique, parce que le sens de ces derniers mots est moins étendu et moins précis. »
« La mathématique sociale peut avoir pour objet les hommes, les choses, ou à la fois les choses et les hommes. Elle a les hommes pour objet lorsqu’elle enseigne à déterminer, à connaître l’ordre de la mortalité dans telle ou telle contrée, lorsqu’elle calcule les avantages ou les inconvénients d’un mode d’élection. Elle a les choses pour objet lorsqu’elle évalue les avantages d’une loterie, et qu’elle cherche d’après quels principes doit être déterminé le taux des assurances maritimes. Enfin, elle a en même temps l’homme et les choses pour objet, quand elle traite des rentes viagères, des assurances sur la vie. [...] Quel que soit l’objet que cette science considère, elle renferme trois parties principales : la détermination des faits, leur évaluation, qui comprend la théorie des valeurs moyennes, et les résultats des faits. Mais, dans chacune de ces parties, après avoir considéré les faits, les valeurs moyennes ou les résultats, il reste à en déterminer la probabilité. Ainsi la théorie générale de la probabilité est à la fois une portion de la science dont nous parlons, et une des bases de toutes les autres. »
Nicolas de Condorcet, Tableau général de la science qui a pour objet l’application du calcul aux sciences politiques et morales, 1793.
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